5 citations de Sénèque commentées pour devenir un homme solide

La mort de Sénèque
The Death of Seneca, by Peter Paul Rubens, c.1614, Alte Pinakothek, Munich.

Qui était Sénèque, et pourquoi le lire aujourd’hui ?

Sénèque... Mon stoïcien préféré, celui vers qui je reviens toujours quand je ne sais plus quoi lire, celui dont les écrits apaisent mon esprit quand je me perds dans mes pensées compulsives. Je dis souvent que Sénèque est un de mes maitres spirituels, et tu vas comprendre pourquoi.

Né vers l'an 4 av. J.-C. à Corduba et mort le 12 avril 65 à Rome, Sénèque était un homme d'État romain, philosophe stoïcien et dramaturge. Issu d’une famille aisée, il connut les privilèges du pouvoir, mais aussi les exils politiques, et termina sa vie contraint au suicide sur ordre de l'empereur Néron.

Ses œuvres majeures, comme ses Lettres à Lucilius, De la brièveté de la vie, De la vie heureuse ou De la Providence sont des mines d'or pour qui s'intéresse au stoïcisme. D'ailleurs, la première fois que j'ai lu ses Lettres à Lucilius, j'ai été frappé par la pertinence de ses propos pour notre époque contemporaine.

Si tu découvres Sénèque, les 5 citations qui suivent te donneront une idée de sa philosophie. Et si tu l'as déjà lu, ça ne fait jamais de mal de relire ce grand homme.

5 citations de Sénèque commentées pour cultiver la vertu

Sur la source de la joie :

« Fragile appui que l'extérieur pour qui y place sa joie : elle sortira par où elle est entrée. »

-Lettres à Lucilius, XCVIII

Sénèque pensait que l'homme qui place sa joie dans les choses extérieures, telles que la richesse, le pouvoir ou les plaisirs, s'appuie sur un support fragile, car ces choses sont incertaines et éphémères.

Du jour ou lendemain, nous pouvons perdre notre travail, notre femme peut nous quitter, personne n'est à l'abri de tout perdre. C'est une des raisons pour lesquelles les stoïciens catégorisent les choses extérieures comme des indifférents préférables.

Il est préférable d'avoir de l'argent, une femme qui nous aime et une belle maison, mais, en tant que stoïcien des temps modernes, notre bonheur ne dépend pas de tout ça. Nous savons les apprécier, mais jamais en être les esclaves et en faire dépendre notre sérénité. La véritable joie du sage est solide et se trouve à l'intérieur, et n'est dépendante d'aucun élément extérieur.

Sur le savoir et la pratique :

« Ici l'homme heureux n'est pas l'homme qui sait, mais celui qui pratique.»

-Lettres à Lucilius, LXXV

Pour Sénèque, le bonheur ne réside pas dans la simple connaissance, mais dans l'art de la pratique. Car celui qui sait, mais n'agit pas, n'est qu'un être en quête éternelle, jamais satisfait de ce qu'il sait.

Par contre, celui qui pratique, même s'il ne sait pas tout, progressera vers la sagesse. L'homme heureux n'est pas un savant, mais un acteur qui met en pratique son savoir.

La sagesse réside dans l'action, c'est là que l'on peut goûter les fruits de notre travail. C'est en forgeant que l'on devient forgeron, c'est en pratiquant que l'on devient sage.

Mettre en place une routine stoïcienne peut t'aider à pratiquer, petit à petit, et commencer à voir du changement dans ta vie.

Sur les épreuves :

« Les malheurs éprouvent l'homme courageux comme le feu éprouve l'or»

-De la providence, IV, 10

Les épreuves et les difficultés que nous rencontrons ont le pouvoir de révéler notre vrai caractère et notre force intérieure.

Comme le feu est utilisé pour éprouver la qualité de l'or en le purifiant et en le débarrassant de toutes les impuretés, les épreuves que nous traversons peuvent nous aider à purifier notre esprit et à renforcer notre résilience.

Un homme courageux, qui fait face aux difficultés avec détermination et ténacité, sera capable de surmonter les épreuves de la vie, tandis qu'un homme qui fuit devant les difficultés ne pourra jamais développer la force intérieure nécessaire pour surmonter les obstacles qui se dressent sur son chemin.

Comme un boxeur debout face à son adversaire sur le ring, acceptons les combats que nous avons à mener. Que ce soit dans la victoire ou dans la défaite, nous aurons appris à nous connaître un peu plus, et aurons progressé vers notre but d'excellence.

Sur la congruence :

« Il faut avoir pour but essentiel de parler comme on sent, de sentir comme on parle, de faire concorder son langage avec sa conduite. Il a rempli ses engagements, celui qui, à le voir et à l'entendre, est toujours le même.»

-Lettres à Lucilius, LXXV

L'alignement entre nos paroles et nos actes est non seulement une des clés de notre épanouissement, mais aussi le reflet de notre crédibilité et de notre intégrité.

J'ai plus d'estime pour celui dont les paroles et les actions sont en adéquation, même si ses idées sont à l'opposé des miennes, que pour celui qui partage mes idées, mais dont les actes ne suivent pas les paroles.

La congruence témoigne d'un engagement sincère envers nos convictions, un comportement opposé découle souvent d'un manque de rigueur ou d'hypocrisie.

Chercher à aligner nos actions avec nos paroles est un objectif louable, non seulement pour notre propre épanouissement, mais aussi pour notre crédibilité et notre capacité à inspirer la confiance des autres.

Sur la souffrance :

«Ce qu'on doit désirer, ce n'est pas de souffrir, mais de souffrir courageusement.»

-Lettres à Lucilius, LXVII

Même si les tourments comme la maladie, la pauvreté, ou encore la perte d'un proche sont des indifférents pour les stoïciens, ils sont des indifférents non préférables. Si nous avions le choix entre la maladie et la santé, nous serions fous de choisir la maladie, mais parfois, la vie ne nous laisse pas le choix...

Même avec une hygiène de vie irréprochable, la maladie peut nous frapper. Si nous tombons malades, c'est là qu'entre en jeu la vertu; ne pas désirer la souffrance, mais faire preuve de courage et de patience lorsque l'on souffre.

Sénèque continue ainsi avec brio:

«Je serai bien aise d'échapper aux tourments; mais s'il faut les subir, mon vœu sera de m'y comporter intrépidement, en homme d'honneur et de courage.
Je dois sans doute vouloir que la guerre n'arrive pas; mais, si elle arrive, mon vœu sera de supporter noblement les blessures, la faim, toutes les nécessités qu'apporte la guerre.
Je ne suis pas assez fou pour souhaiter d'être malade; mais, si je dois l'être, mon vœu sera de ne faire ni acte d'impatience ni de faiblesse.
Ainsi, ce qui est désirable, ce n'est point le mal, mais bien la vertu qui l'endure.»

Rien à ajouter.

Comment transformer des citations en actions ?

Souviens-toi que les citations sont seulement des rappels et non des solutions concrètes pour devenir un homme d'excellence.

Il faut appliquer et agir si tu veux vraiment progresser, alors voici quelques conseils pour t'aider :

  • Quand tu découvres une citation qui t'inspire, ne te contente pas de la lire et de passer à autre chose 10 secondes plus tard.
  • Note la citation en question dans un carnet avec un bon vieux stylo.
  • Apprends-la par cœur et remémore-la au courant de la journée.
  • Cherche le texte duquel la citation est extraite et lis-le pour comprendre le contexte (pas d'excuses je mets toutes les sources pour chaque citation).

Ce que tu retiens n’a de poids que si tu le traduis en acte.

Que la raison nous guide vers l'excellence.

Morgan Goasdoué.

Morgan Goasdoué