Ma routine stoïcienne : 7 pratiques pour devenir plus serein, résilient et vertueux

Pourquoi une routine stoïcienne ?
Comme toute philosophie, le Stoïcisme s'étudie, avec ses concepts bien à lui, ses théories et ses principes. C'est la base, nous sommes d'accord. Mais si vous voulez voir des changements concrets dans votre vie, il faut appliquer certains préceptes rapidement, tout en continuant d'étudier.
N'attendez pas d'être un expert théorique pour pratiquer, vous allez tomber dans la masturbation intellectuelle et perdre votre temps.
«Ici l'homme heureux n'est pas l'homme qui sait, mais celui qui pratique.»
-Sénèque - Lettres à Lucilius (LXXV)
Aucun boxeur n'est devenu champion du monde en regardant d'autres boxeurs, le boxeur boxe en premier lieu, tout en continuant d'étudier la théorie et perfectionner sa technique.
Même principe pour l'apprenti stoïcien, vous voulez vivre avec sérénité, devenir plus résilient et atteindre l'excellence ? Alors, il va falloir vous entrainer, tout en continuant d'étudier.

Pour vous aider à pratiquer, je vais vous donner un exemple de routine stoïcienne, la mienne. Celle que j'applique au moment où j'écris ces lignes.
Mais avant, quelques points à prendre en considération :
- Cette routine, inspirée d'anciens stoïciens et de ma propre expérience, est adaptée à ma réalité, à vous de voir ce que vous voulez prendre ou laisser.
- Je n'ai pas tout implémenté d'un coup, vous pouvez commencer par une ou deux pratiques, en ajouter ou en retirer au fil de temps.
- Quand vous mettez en place une routine, il est important de garder à l'esprit le but de votre démarche, sinon vos actions deviendront vides de sens et vous abandonnerez.
Voici ma routine de stoïcien moderne :
Activer mon corps et oxygéner mon cerveau dès le réveil
Je commence ma journée par 100 pompes et quelques étirements. Le lien avec le stoïcisme ? La science démontre que l'activité physique augmente le flux sanguin vers le cerveau, ce qui favorise une meilleure oxygénation et nutrition des cellules cérébrales.
Pour faire bref, bouger dès le matin est un excellent "amorceur cérébral" pour lire ensuite avec plus d’attention, de compréhension et de mémorisation.
Ce qui nous amène au point suivant...
Lire et méditer les classiques stoïciens
Une fois mes pompes terminées, je choisis un court passage parmi les écrits des anciens stoïciens, je le lis et prends le temps de méditer sur son sens. Je tente de le mémoriser pour me le rappeler au courant de la journée et en appliquer les principes si la situation l'exige.
Voici un exemple de courte lecture que je tente de garder en tête tout au long de la journée :
« Prends pour habitude, à toute action que tu vois faire à quelqu'un, de te demander : « À quel but cet homme rapporte-t-il cette action ? »
Mais, commence par toi-même, et examine-toi le premier.»
-Marc Aurèle - Pensées ( Livre X, XXXVII)
Ces lectures matinales me permettent de m'ancrer dans ma philosophie de vie dès le réveil, de m'imprégner de ses principes et de garder le cap jour après jour.
Prendre une douche froide
La fameuse douche froide tellement prônée par les gourous du développement personnel et experts en productivité. J'avais des aprioris avant de commencer à l'intégrer dans ma routine, mais aujourd'hui j'en tire de nombreux bénéfices.
C'est une forme d'inconfort volontaire et le Stoïcisme nous invite à ce genre de pratiques pour renforcer notre résilience, mais aussi pour nous rappeler que le confort n'est pas acquis. Pour certains, la douche froide n'est pas un choix.
De plus, l'exposition au froid peut renforcer notre système immunitaire, améliorer notre sommeil, réduire certaines inflammations, le stress, etc.
Si le sujet vous intéresse, le Dr Andrew Huberman a mené plusieurs études sur l'exposition au froid, cette courte vidéo vous en donnera un aperçu :
Garder une attention constante dans tout ce que je fais
Vous avez surement déjà entendu parler de la pleine conscience ou mindfulness, concept bouddhiste à la mode dans les mouvements New Age modernes.
Dans le Stoïcisme, nous avons une pratique similaire, qui est la prosochē. Pour faire simple, la prosochē désigne l’attention vigilante et constante à soi-même, à ses pensées, ses jugements et ses actions. C’est l’attitude de veille intérieure qui permet de rester en accord avec la raison et la vertu à chaque instant.
Autrement dit, c’est le fait d’être pleinement conscient de ce que l’on fait, pense et ressent, afin de ne pas agir sous l’effet des passions ou de certains automatismes de notre mental.
Que ce soit dans mon travail, en compagnie de mon entourage, pendant ma séance de sport ou même lors de tâches insignifiantes, comme faire la vaisselle, je fais en sorte de garder cette attention continue et être totalement présent.
Jeûner une fois par semaine
Le jeûne, comme la douche froide, est une forme d'inconfort volontaire, prônée par beaucoup de sagesses anciennes, dont le Stoïcisme. La privation de nourriture est un moyen de maîtriser nos pulsions et désirs excessifs.
En plus de renforcer notre résilience face aux difficultés du manque, jeûner nous invite à faire preuve de tempérance, une des grandes vertus stoïciennes.
Voici un passage de Sénèque (Lettres à Lucilius, XX) qui parle d'inconfort volontaire par la privation :
« C’est pourquoi j’estime nécessaire, comme je t’ai écrit que de grands hommes l’ont fait, de prendre par intervalles quelques jours où, par une pauvreté fictive, on s’exerce à la véritable, ce qu’il faut pratiquer d’autant plus que la mollesse a détrempé tous nos ressorts, et nous fait tout juger dur et difficile.»
Si la privation de nourriture n'est pas possible dans votre situation pour des raisons professionnelles ou de santé, vous pouvez faire un ''jeûne technologique''. Par exemple, une fois par semaine, coupez-vous des écrans, des réseaux sociaux et autres divertissements, c'est mieux que rien.
Fortifier mon corps pour élever mon âme
Musonius Rufus (Entretiens, VI), maître de notre cher Épictète a dit :
«Comme l’homme n’est pas seulement une âme ni seulement un corps, mais un composé de ces deux, celui qui s’exerce doit nécessairement prendre soin des deux. Ainsi donc l’exercice commun aux deux aura lieu si nous nous accoutumons au froid, au chaud, à la soif, à la faim, à la frugalité de la nourriture, à la dureté de la couche, à l’abstinence des choses agréables, au support des choses pénibles. Par ces méthodes et autres semblables, le corps d’une part se fortifie, devient impassible contre la douleur, ferme, utile à toute tâche, l’âme d’autre part se fortifie en s’exerçant d’un côté au courage par le support des choses pénibles, de l’autre à la tempérance par l’abstinence des choses agréables.»

Les stoïciens pensent que notre corps ne dépend pas de nous. En effet, personne n'est à l'abri d'une maladie, d'un accident ou du vieillissement. Nous ne choisissons pas la couleur de nos yeux, notre taille ou la forme de notre visage. Par contre, il dépend de nous de manger sainement, d'exercer notre corps et de le fortifier, tout en nous détachant du résultat, qui lui ne dépend pas de nous.
Pratiquement tous les jours et depuis plus de 15 ans maintenant, je fais du sport. Boxe, musculation et course à pied sont mes activités de prédilection. Je crois que le sport, quand il est pratiqué avec l'intention de fortifier l'esprit, dans une démarche philosophique et d'excellence, est un des moyens les plus efficaces de renforcer nos vertus.
Ne doit-on pas faire preuve de courage pour faire face à un adversaire sur le ring ?
Ne faut-il pas être discipliné pour se préparer à courir un marathon ?
Ne doit-on pas faire preuve de tempérance pour manger sainement ?
Ne faut-il pas être résilient pour se relever après une défaite ou une blessure ?
Le sport peut être un catalyseur de vertu pour un stoïcien des temps modernes, si un travail sur l'esprit est fait en parallèle.
Faire mon examen de conscience
J'ai un cahier dans lequel, chaque soir, avant d'aller me coucher, je réponds à trois questions inspirées de celles de Sextius :
-Quelle mauvaise habitude ai-je évitée aujourd'hui ?
-Quel défaut ai-je corrigé ?
-En quoi suis-je meilleur qu'hier ?
On appelle ça un examen de conscience, et honnêtement, j'ai trouvé l'exercice difficile les premières fois, comme ci je ne parvenais pas à être honnête avec moi même et m'avouer mes quatre vérités. J'étais bloqué dans le syndrome de la page blanche. Mais avec de la persévérance, l'exercice s'est avéré de plus en plus fluide et révélateur.
Ce qui est intéressant avec l'examen de conscience, c'est de relire nos réponses plusieurs mois plus tard et de constater notre évolution, ou pas (il va falloir changer quelques habitudes si vos réponses sont identiques six mois plus tard...).
Voici l'extrait de Sénèque qui parle de Sextius et de son examen :
«Ainsi faisait Sextius. La journée terminée, retiré dans sa chambre pour le repos de la nuit, il interrogeait son âme : « De quel défaut es-tu guéri, aujourd’hui ? Quel vice as-tu combattu ? En quoi es-tu devenu meilleur ? » La colère cessera ou se modérera, si elle sait que chaque jour elle doit paraître devant son juge. Quoi de plus beau que cette habitude de faire l’enquête de toute sa journée ! Quel sommeil que celui qui succède à cet examen de conscience ! »
-Sénèque. De la colère. Livre III - XXXVI
Conclusion sur ma routine stoïcienne
Voilà, on a fait le tour de ma routine. Je n'ai pas ajouté certaines pratiques, comme la préméditation des maux ou la vue d'en haut que j'applique dans des circonstances particulières comme avant ou pendant un évènement difficile. Deux concepts que je développerai dans de futurs articles.
Je passe aussi du temps chaque semaine à étudier le Stoïcisme par des lectures et réflexions plus poussées que mes lectures matinales, mais je n'ai pas vraiment de routine pour cela, je le fais quand le temps me le permet.
Quoi qu'il en soit, le Stoïcisme n'est pas une philosophie abstraite, c'est un mode de vie. Alors, si cette école vous attire, le meilleur moyen de savoir si elle est une voie pour vous est de mettre en pratique ses enseignements.
Que la raison nous guide vers l'excellence.
Morgan Goasdoué.
